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Elle se déploie sur les capes blanches des anciens chevaliers, sur les étendards frappés du sceau du Temple, et jusque dans l’imaginaire des initiés : la croix templière porte en elle l’écho d’une ferveur qui défia le temps. Née au cœur des croisades, elle a quitté le champ de bataille pour entrer, discrètement, dans certains grades de la franc-maçonnerie. Mais que signifie aujourd’hui la croix templière ? Est-elle seulement un vestige du Moyen Âge, ou le signe d’une quête intérieure toujours actuelle ? Dans sa forme simple et dans sa couleur ardente, la croix templière relie le courage, la foi et la lumière.

D’où vient la Croix Templière ?

Lorsque Hugues de Payns et ses compagnons établirent à Jérusalem l’Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, en 1118, leur manteau blanc n’arborait encore aucun signe distinctif. Ce vêtement, de laine rude, était d’abord celui des moines-soldats qu’ils étaient devenus : un habit de pauvreté, mais aussi de lumière. Le blanc rappelait à la fois la pureté morale exigée de ses membres et la clarté du dessein qu’ils servaient.

Pendant près de trente ans, les chevaliers du Temple combattirent sans emblème. Seuls les croisés portaient, cousue sur leur tunique, une croix d’étoffe colorée selon leur nation : rouge pour les Français, blanche pour les Anglais, verte ou noire pour les Allemands. Ce n’est qu’en 1147, lors de la deuxième croisade, que le pape Eugène III, ancien moine cistercien et disciple de saint Bernard, accorda aux Templiers le droit d’ajouter sur leur manteau blanc une croix rouge.

Croix templière gravée dans la pierre, témoignage silencieux de la foi et de la rigueur des chevaliers du Temple

Ce geste pontifical n’était pas anodin. Le rouge, couleur de feu et de sang, rappelait le sacrifice du Christ mais aussi celui des frères tombés au combat. La croix templière ne désignait donc pas seulement un ordre, elle résumait un idéal : vivre et mourir dans la fidélité au Temple et à la foi.

Les sources médiévales montrent pourtant que cette croix ne fut pas uniforme. Sur les manteaux, elle était pattée — c’est-à-dire aux bras qui s’élargissent vers les extrémités. Sur certains sceaux, on trouve des croix grecques, aux bras égaux, et parfois des croix potencées ou fleuronnées dans les armoiries. L’Ordre n’imposait pas de règle stricte en matière d’héraldique ; mais la croix pattée rouge s’imposa naturellement comme l’image du Temple, simple, forte, immédiatement reconnaissable.

Ce n’était pas un ornement, mais un signe d’obéissance. La croix rouge, cousue sur le manteau blanc, rappelait chaque jour au chevalier du Temple ce qu’il avait promis : servir sans réserve, combattre sans haine, mourir sans peur.


Quelle place la Croix Templière occupe-t-elle parmi les autres Ordres chevaleresques ?

L’Ordre du Temple ne fut pas seul à porter la croix comme signe d’appartenance et d’obéissance. Dès le XIIᵉ siècle, plusieurs confréries chevaleresques virent le jour, nées du même élan spirituel et militaire des croisades. Chacune adopta une croix distinctive, reflet de sa mission et de son esprit.

Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, établis avant même les Templiers, portaient une croix blanche sur manteau noir. D’abord simple et droite, elle devint pattée, puis, plus tard, prit la forme à huit pointes fixée par la règle de 1496 : la croix de Malte. Sa blancheur symbolisait la charité et le soin des malades, tandis que la couleur noire du vêtement rappelait l’humilité du service.

Templiers et Hospitaliers côte à côte : deux ordres frères, unis par la croix et séparés par leur mission

Les Chevaliers Teutoniques, issus des croisés allemands, portaient pour leur part une croix noire sur habit blanc. Leurs sceaux et bannières en montrent de nombreuses variantes, mais la croix pattée domina largement, plus que la potencée, réservée à certains grands maîtres ou à la représentation héraldique. Cette croix noire traduisait la discipline et la rigueur d’un ordre militaire né dans le froid du Nord et fidèle à une règle monastique stricte.

Par contraste, la croix templière rouge portait un tout autre souffle. Elle marquait un ordre voué à la défense de la Terre Sainte, plus guerrier qu’hospitalier, plus actif que contemplatif. Là où le blanc des Hospitaliers évoquait la miséricorde et où le noir teutonique imposait la règle, le rouge du Temple proclamait le courage et la disponibilité au sacrifice.

Saint Bernard, dans son De laude novae militiae, avait résumé cette vocation : « Le chevalier du Christ frappe avec sécurité et meurt en paix. » Sous cette devise, la croix rouge ne désignait pas une hiérarchie, mais un état d’âme.


Quelle place la Croix Templière occupe-t-elle dans la franc-maçonnerie ?

La croix templière n’appartient pas à la symbolique des trois premiers degrés de la franc-maçonnerie, centrés sur l’art de bâtir. Mais elle réapparaît dans les systèmes dits « chevaleresques », nés au XVIIIᵉ siècle, lorsque plusieurs hauts grades cherchèrent à rattacher la franc-maçonnerie à l’héritage supposé de l’Ordre du Temple.

Le premier de ces systèmes fut la Stricte Observance Templière, née en Allemagne vers 1750 sous l’influence du baron von Hund. Elle prétendait détenir la filiation directe de l’Ordre du Temple disparu. Dans ses grades supérieurs, la croix pattée rouge devenait le signe d’une chevalerie restaurée, symbole d’obéissance à un idéal plutôt qu’à un pouvoir.

Karl Gotthelf von Hund (1722 – 1776), fondateur de la Stricte Observance Templière et figure clé du retour chevaleresque en franc-maçonnerie

De cette filiation directe naquit, en 1778, le Rite Écossais Rectifié, élaboré à Lyon par Jean-Baptiste Willermoz. Dans ce Rite, la croix pattée rouge figure sur les décors des deux grades chevaleresques : l’Écuyer Novice et le Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte. Elle rappelle la vocation spirituelle et morale du chevalier maçon : servir la vérité, secourir son frère, défendre la lumière contre l’erreur.

Dans les pays anglo-saxons, cette lignée s’est prolongée à travers de nombreux systèmes rattachés aux Knights Templars, présents dans tout le monde britannique et américain. La croix pattée rouge y demeure l’insigne majeur, signe d’honneur et de service. Les Knights of Malta, qui leur sont étroitement liés mais distincts, portent quant à eux la croix de Malte blanche, héritée de l’Ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem.

Le Rite Écossais Ancien Accepté offre enfin plusieurs déclinaisons symboliques. Au 27ᵉ degré, dit Commandeur du Temple, la croix pattée noire est la plus répandue en Europe. Aux États-Unis, ce degré arbore volontiers une croix de Grand Maître Teutonique : croix potencée noire, recouverte d’une plus petite croix dorée, au centre de laquelle figure un écusson d’or portant l’aigle germanique noir. Au 30ᵉ degré, celui de Chevalier Kadosh, la croix de Malte rouge sur fond noir rappelle la fidélité, la justice et la constance face à l’épreuve.

Dans les degrés 31, 32 et 33, on retrouve fréquemment une croix pattée ou potencée rouge, présente sur les bijoux et les cordons, rappel supplémentaire de la filiation templière que le Rite Écossais Ancien Accepté revendique implicitement.

Dans ces divers grades, la croix templière ne marque pas une revendication historique, mais un idéal. Elle invite l’initié à transposer le combat extérieur du chevalier en combat intérieur : discipline, courage et maîtrise de soi.


Quelle est la signification symbolique universelle de la croix ?

Bien avant le christianisme, la croix figurait déjà parmi les signes fondamentaux de l’humanité. Gravée sur la pierre, tracée dans le sable ou inscrite sur le bois, elle exprimait une idée simple et totale : celle de l’ordre du monde. Dans son dessin le plus épuré — deux lignes qui se rencontrent — elle articule la terre et le ciel, l’horizontal et le vertical, le fini et l’infini.

Cette structure lui confère une portée universelle. La barre horizontale évoque le monde sensible, les quatre points cardinaux, les quatre éléments. Elle renvoie à l’expérience humaine, aux limites de la condition incarnée. La barre verticale, elle, relie ces réalités au principe qui les transcende : l’esprit, la lumière, la permanence. Leur intersection désigne le centre, lieu d’équilibre et de présence. Dans la croix, tout ce qui s’étend trouve sa mesure et son orientation.

La croix templière s’inscrit dans cet héritage symbolique. Ses bras pattés, qui s’élargissent vers l’extérieur, suggèrent la diffusion de la force intérieure, la rayonnance du centre vers le monde. Leur rouge vif rappelle le feu, le sang et la transformation — non pas la violence, mais le passage par l’épreuve. La croix du Templier n’exprime donc pas la domination, mais l’alignement : elle relie l’action et la foi, la rigueur et la lumière.

Cette figure trouve un écho direct dans la franc-maçonnerie. Comme la croix, les outils du maçon — équerre, compas, niveau, perpendiculaire — ordonnent l’espace et rappellent la nécessité d’une juste mesure. L’homme debout, bras ouverts, forme lui-même une croix vivante : quatre membres tendus vers le monde et un centre qui cherche son axe. Ainsi, la croix parle autant du cosmos que de l’initié : elle invite à unir l’effort horizontal du travail à la verticalité de l’esprit.


Conclusion – Que nous dit encore la Croix Templière aujourd’hui ?

Symbole de foi, d’engagement et de mesure, la croix templière dépasse de loin les frontières de l’histoire. Elle ne désigne plus un ordre disparu, mais une attitude intérieure : celle de l’homme qui se tient debout entre la terre et le ciel, fidèle à un axe qui le dépasse. Rouge sur fond blanc, elle rappelle que la lumière ne s’obtient qu’au prix d’une mise à l’épreuve — et qu’aucune quête spirituelle n’est vraie sans discipline ni courage.

Dans les loges comme dans les esprits, la croix templière demeure un repère : non pour s’identifier à un passé idéalisé, mais pour poursuivre, dans le silence du travail intérieur, l’œuvre de redressement qu’elle figure depuis tant de siècles.

Par Ion Rajolescu, rédacteur en chef de Nos Colonnes — au service d’une parole maçonnique juste, rigoureuse et vivante.

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FAQ – La Croix Templière

1. Qu’est-ce que la croix templière ?

La croix templière est une croix pattée rouge, dont les bras s’élargissent vers l’extérieur. Elle fut portée sur le manteau blanc des chevaliers de l’Ordre du Temple à partir de 1147, après autorisation du pape Eugène III.

2. Quelle est la signification de la couleur rouge ?

Le rouge symbolisait le sang versé pour la défense de la foi, mais aussi la charité et le feu spirituel. Dans la tradition templière, il rappelait le courage et la disponibilité au sacrifice.

3. Quelle différence entre croix pattée et croix de Malte ?

La croix pattée, typique des Templiers, a des bras qui s’élargissent sans se rejoindre en pointe. La croix de Malte, utilisée par les Hospitaliers puis les Knights of Malta, possède huit pointes correspondant aux béatitudes chrétiennes.

4. Les Templiers portaient-ils toujours la même croix ?

Non. Si la croix pattée rouge fut la plus connue, on retrouve aussi sur leurs sceaux ou leurs bannières des croix grecques, fleuronnées ou potencées. L’Ordre n’imposait pas de modèle unique.

5. La croix templière est-elle un symbole maçonnique ?

Pas dans les trois premiers degrés symboliques. Mais elle figure dans plusieurs hauts grades, notamment au Rite Écossais Rectifié et au Rite Écossais Ancien Accepté, où elle marque les degrés d’inspiration templière.

6. Pourquoi la croix templière apparaît-elle encore dans la franc-maçonnerie ?

Parce qu’elle représente un idéal moral plus qu’une filiation historique : la droiture, le courage, la constance et la maîtrise de soi. Elle renvoie à l’idée d’un combat intérieur plutôt qu’à un ordre disparu.

7. Quelle forme de croix trouve-t-on dans les hauts grades maçonniques ?

Selon les rites, on trouve des croix pattées rouges ou noires, des croix de Malte ou potencées. Au 30ᵉ degré du REAA (Chevalier Kadosh), la croix de Malte rouge sur fond noir est la plus emblématique.

8. La croix templière et la croix teutonique sont-elles identiques ?

Non. La croix teutonique, adoptée par les Chevaliers Teutoniques, est noire et souvent pattée. Les deux partagent une structure proche, mais leurs couleurs et leurs significations diffèrent.

9. Quelle place la croix templière occupe-t-elle dans la culture contemporaine ?

Elle demeure un symbole fort de chevalerie et d’engagement spirituel. On la retrouve sur de nombreux décors, bijoux ou bannières maçonniques, mais aussi dans la culture populaire, souvent vidée de sa portée originelle.

10. Que représente la croix templière pour l’initié maçon ?

Elle rappelle l’union du vertical et de l’horizontal, du spirituel et du terrestre. Elle invite à l’équilibre intérieur, à la rigueur, et à la recherche d’une lumière qui s’obtient par le travail et la persévérance.


Retrouvez ici la retranscription complète de l’épisode pour ceux qui préfèrent la lecture ou souhaitent approfondir les échanges.

Podcast – La Croix Templière : du champ de bataille à la Loge

Il y a des symboles qui semblent ne jamais vieillir. Parmi eux, la croix templière tient une place singulière. Rouge sur fond blanc, simple dans sa forme et inépuisable dans son sens, elle traverse les siècles comme un fil tendu entre l’histoire et l’esprit. On la retrouve sur les capes des anciens chevaliers, sur les bannières des croisades, et jusque dans certains décors maçonniques, où elle devient l’un des signes les plus reconnus de la chevalerie intérieure. Mais d’où vient cette croix ? Et pourquoi, huit siècles après la disparition du Temple, continue-t-elle de parler à ceux qui cherchent la lumière ?

Lorsque Hugues de Payns fonde l’Ordre du Temple à Jérusalem, en mille cent dix-huit, les premiers frères ne portent aucun emblème. Leur habit est de laine blanche, sans ornement ni signe distinctif. Ce blanc dit la vie monastique, la simplicité, le dépouillement. Les Templiers sont d’abord des moines, liés par les trois vœux traditionnels : pauvreté, chasteté et obéissance. À ces trois vœux s’ajoute un quatrième, propre à leur ordre : protéger les pèlerins et défendre les lieux saints, armes à la main. Pendant près de trente ans, ils combattront sans symbole. À l’époque, les croisés portent sur leurs tuniques des croix d’étoffe colorées selon leur nation : rouge pour les Français, blanche pour les Anglais, noire pour les Allemands. 

Ce n’est qu’en mille cent quarante-sept que le pape Eugène III, ancien cistercien et disciple de saint Bernard, leur accorde le droit de coudre sur leur manteau une croix rouge. Un signe visible, cousu sur la poitrine, comme un engagement public : verser son sang au service de la foi. Le rouge ne dit pas seulement le sacrifice ; il exprime la ferveur, la charité, le feu de l’Esprit. Sur le manteau blanc, la croix rouge n’est pas un ornement : c’est un rappel — servir sans réserve, combattre sans haine, mourir sans peur.

Les formes de cette croix varient selon les usages. Sur les manteaux, on la voit le plus souvent pattée, aux bras qui s’élargissent vers l’extérieur. Sur les sceaux, elle peut être grecque, aux bras égaux, ou fleuronnée, terminée par des lys. Dans certains manuscrits, elle apparaît potencée, les bras achevés en tau. Quelle que soit sa variante, la croix templière résume un idéal : une foi droite, active, ordonnée.

Le Temple n’est pas seul à porter la croix. Dès le XIIᵉ siècle, d’autres confréries se lèvent dans le sillage des croisades. Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem soignent les pèlerins et portent une croix blanche sur manteau noir. Cette blancheur indique la charité, l’accueil, la compassion. Plus tard, la forme à huit pointes se fixe : ce sera la croix de Malte, avec ses huit Béatitudes. Les Chevaliers Teutoniques, issus des croisés allemands, portent une croix noire sur habit blanc. L’iconographie médiévale montre des variantes, mais la croix pattée noire demeure la plus répandue. Sur certains sceaux, le Grand Maître arbore une croix potencée, parfois accompagnée de l’aigle germanique.

Ainsi, au milieu de cette mosaïque chevaleresque, la croix rouge du Temple affirme un ton singulier. Là où la blancheur des Hospitaliers évoque la miséricorde, et où le noir teutonique rappelle la règle, le rouge proclame l’élan : ferveur, courage, fidélité jusqu’à la mort. Saint Bernard, dans De laude novae militiae, résume : « Le chevalier du Christ frappe avec sécurité et meurt en paix. »

Avec le temps, l’Ordre disparaît, mais le symbole demeure. On le retrouve plus tard dans les hauts grades de la franc-maçonnerie. Les trois premiers degrés — Apprenti, Compagnon, Maître — relèvent du monde des bâtisseurs. Mais, au XVIIIᵉ siècle, plusieurs systèmes maçonniques se tournent vers l’idéal chevaleresque. La Stricte Observance Templière, née en Allemagne vers mil sept cent cinquante, prétend prolonger l’héritage du Temple disparu. Dans ses grades supérieurs, la croix pattée rouge redevient signe de fidélité à un idéal plus qu’à un pouvoir. 

De cette inspiration naît le Rite Écossais Rectifié. À Lyon, en mil sept cent soixante-dix-huit, Willermoz élabore un Rite où la chevalerie devient démarche spirituelle. Dans ses deux grades — Écuyer Novice et Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte — la croix pattée rouge figure sur les décors. Elle marque la bienfaisance, la vérité, la charité, l’action désintéressée. 

Dans le monde anglo-saxon, la lignée prend d’autres formes. Les Knights Templars maintiennent la croix pattée rouge comme emblème majeur. Les Knights of Malta, liés mais distincts, portent la croix de Malte blanche, héritée de l’Ordre hospitalier. 

Le Rite Écossais Ancien Accepté décline, lui, plusieurs croix. Au 27ᵉ degré, Commandeur du Temple, la croix pattée noire est la plus répandue en Europe. Aux États-Unis, on voit parfois une croix de Grand Maître Teutonique : noire, potencée, surmontée d’une plus petite croix dorée, avec un écusson d’or à l’aigle noir. Au 30ᵉ degré, Chevalier Kadosh, la croix de Malte rouge sur fond noir est emblématique. Aux 31ᵉ, 32ᵉ et 33ᵉ degrés, une croix pattée ou potencée rouge apparaît fréquemment sur bijoux et cordons.

Mais la croix dépasse son usage maçonnique ou chevaleresque. Elle est l’un des plus anciens signes de l’humanité. Bien avant le christianisme, elle figure sur la pierre, le bois, l’argile — partout où l’homme cherche l’ordre du monde. La barre horizontale évoque la terre, l’espace, les quatre directions. La barre verticale relie ciel et terre. Leur intersection désigne le centre : lieu d’équilibre entre visible et invisible. La croix sépare et unit ; elle mesure et relie.

La croix templière s’inscrit dans cette géométrie. Ses bras pattés, s’élargissant vers l’extérieur, indiquent un centre qui rayonne. Son rouge renvoie au feu purificateur et au sang qui vivifie. Elle ne dit pas la violence : elle dit la transformation. Dans la franc-maçonnerie, la croix templière dialogue avec l’équerre, le compas, le niveau, la perpendiculaire. Tous ces signes ordonnent l’espace et rappellent la juste mesure. Ils servent une même œuvre : la construction intérieure.

La croix templière, en ce sens, n’appartient pas au passé. Elle inspire ceux qui unissent l’action et la foi, la raison et l’espérance. Elle dit que le combat véritable n’est plus dehors mais dedans : conquête de soi, maîtrise du désir, fidélité à l’axe. Rouge sur fond blanc, elle réunit feu et lumière. Sur fond noir, dans les hauts grades, elle devient signe d’accomplissement : une flamme qui brûle sans consumer. 

Ainsi, du champ de bataille à la loge, la croix templière garde sa valeur première : non pas un signe de pouvoir, mais un appel à se redresser. Depuis neuf siècles, elle enseigne la même leçon : se tenir debout à la croisée du monde et du ciel, et reconnaître que la seule victoire est intérieure.

20 novembre, 2025