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Le Niveau n’est pas un outil d’initiation. Il vient plus tard. Il ne concerne pas celui qui apprend à se tenir, mais celui qui commence à marcher. Alors que la Perpendiculaire, confiée au Second Surveillant, guide l’Apprenti dans la recherche de la verticalité — celle de l’axe intérieur, du silence, de la profondeur — le Niveau appartient au Compagnon. Il marque le passage du dedans vers le dehors, de l’introspection vers l’ouverture au monde.

Le Niveau n’a de sens que si la verticale a été trouvée. Sans elle, l’horizontale reste abstraite. Le Compagnon ne tourne pas le dos à l’axe qu’il a découvert : il apprend à l’habiter en mouvement, à le garder en lui tout en avançant vers l’extérieur.


De la Perpendiculaire au Niveau : un changement d’axe

Alors que la Perpendiculaire, associée au Second Surveillant, concerne l’Apprenti en quête de verticalité, le Niveau appartient au Compagnon, qui s’ouvre à l’horizontalité du monde. Symbole du Premier Surveillant, il marque une étape nouvelle : celle d’un rapport renouvelé au réel, au temps, aux autres. 

Le Niveau

On dit souvent du Compagnon qu’il est passé de la Perpendiculaire au Niveau. Ce passage n’est pas un simple glissement. Il ne remplace pas une posture par une autre. Il prolonge un axe par une ouverture. Le franc-maçon ne peut rester enfermé dans le cabinet de réflexion : il faut maintenant marcher. Non pas en tous sens, mais dans une direction, claire, construite, tendue. Non pas dissous dans le monde, mais traversé par lui.

Le Niveau ouvre donc un espace d’action. Il engage le Compagnon à prendre sa place parmi les humains, non en surplomb, mais sur la même ligne. La tâche n’est plus seulement intérieure, ni purement symbolique : elle devient relationnelle. Il s’agit d’être là, de se rendre présent, avec d’autres et pour d’autres, en gardant l’exigence d’un travail juste.


Le Niveau: Un outil qui ne tient que par la verticale

Le Niveau ne remplace pas la Perpendiculaire, il s’appuie sur elle. Il prolonge le même principe : celui de la recherche de l’axe, mais en le transposant dans un autre plan. La Perpendiculaire descend, le Niveau s’ouvre. L’une fonde, l’autre oriente.

Dans la plupart des rites continentaux, le Niveau prend la forme d’une équerre dont les deux bras sont reliés par une traverse horizontale, formant un A majuscule. Un fil à plomb suspendu au sommet indique la verticale. Dans les traditions anglo-saxonnes, l’outil affecte plutôt la forme d’un T inversé ouvragé. Mais dans les deux cas, l’horizontale est stable et la verticale mobile : c’est elle qui dit si l’on est juste.

Ce n’est pas un hasard si le Niveau est associé au Compagnon. L’horizontale qu’il désigne ne peut être fiable que si la verticale est tenue. Ce n’est pas un outil d’ouverture immédiate : il suppose un axe déjà trouvé. Le Compagnon ne quitte pas la Perpendiculaire, il la prolonge autrement. Il ne change pas de logique, mais de direction.

Ce que rappelle le Niveau, c’est que toute ligne horizontale s’ajuste à partir d’un axe intérieur. Le fil à plomb descend au plus profond de soi, là où se perçoit une gravité plus intime que physique. Il n’impose pas un tracé : il invite à retrouver ce point de justesse, celui qui permet d’orienter l’œuvre sans se perdre.


Figure de l’homme, figure de la croix

Le chemin du Compagnon n’efface pas celui de l’Apprenti, mais il le prolonge. Ce que l’Apprenti a trouvé en lui-même ne peut rester enfermé : il faut maintenant ouvrir les bras, agir, entrer en relation. La verticale ne disparaît pas, mais elle s’inscrit dans un nouveau geste : celui de l’horizontale tenue.

L’Homme de Vitruve, de Léonard Vinci

Le croisement de ces deux axes forme une figure — celle d’un homme debout, les bras ouverts, qui avance sans rompre l’axe. Léonard de Vinci en a donné une image célèbre avec l’Homme de Vitruve : une silhouette inscrite dans un cercle, équilibrée dans ses dimensions, mais toujours orientée. Ce croisement dessine aussi une croix. Elle précède le christianisme, dépasse les religions, et renvoie à ce point d’intersection où la marche reste fidèle à l’axe.

Mais cette ouverture n’est pas l’oubli de la verticale. Elle suppose un cœur centré, qui ne se laisse ni disperser ni emporter, et une parole mesurée, ajustée à sa juste place, fidèle à l’essentiel. Sans cela, les bras s’agitent en vain et la marche se perd. Le Compagnon apprend à habiter ce croisement : non pas entre deux forces qui s’opposent, mais comme l’accord discret d’un homme capable d’agir sans renier ce qui le fonde.


Niveau en franc-maçonnerie : égalité dans les rituels et dans le monde

Le Niveau n’est pas seulement un symbole d’axe et de direction. À partir du XVIIIe siècle, certains rituels lui attribuent une autre portée : celle de l’Égalité. L’interprétation est moins symbolique que morale ou sociale. L’outil, dans son horizontalité, deviendrait le signe que tous les maçons se tiennent à niveau — quelles que soient leur origine ou leur condition.

Mais cette Égalité restait limitée à l’espace de la loge. En son sein, l’aristocrate et le roturier n’étaient plus distingués. En France, cette idée trouvait une expression concrète : tous les Maîtres y portaient l’épée, privilège réservé ailleurs aux seuls nobles. L’intention était forte, mais contenue. Hors de la loge, les rapports de pouvoir restaient inchangés. Il fallut attendre le XIXe siècle pour que certains francs-maçons, surtout en France, cherchent à faire passer ce principe du rituel au monde, en s’engageant dans des combats politiques ou sociaux.

Égalité, par Jean-François Janinet, 1793

Ces tentatives ont parfois divisé les obédiences. Car si certains y voyaient l’expression d’un idéal universel, d’autres redoutaient des engagements trop marqués, qui feraient pencher la balance vers des causes partisanes. Mais elles montrent que, pour certains, l’Égalité ne pouvait rester simple décor rituel : elle appelait une traduction concrète, fût-elle imparfaite, dans la cité.


Niveau en franc-maçonnerie : Une construction, pas un principe

De quelle Égalité le Niveau peut-il être le signe ? Certainement pas d’une Égalité naïve ou proclamée, qui ferait abstraction des différences réelles. L’inégalité n’est pas une injustice en soi : elle est un constat. Les êtres ne sont pas identiques, ni en nature, ni en parcours, ni en capacités. Mais ce constat ne suffit pas. L’idée d’Égalité, dans la tradition maçonnique, n’ignore pas ces écarts : elle propose un cadre où chacun peut être reconnu, respecté, entendu à la même hauteur. Non pas parce que tout se vaut, mais parce que toute personne a de la valeur.

Pour les francs-maçons, cette Égalité est un travail. Elle ne va pas de soi. Elle se heurte sans cesse à l’égoïsme, aux replis, à l’orgueil. Elle n’a rien à voir avec un nivellement impersonnel, qui effacerait les singularités. Elle est au contraire portée par un sentiment de Fraternité — et de Sororité — assumé, voulu, pratiqué. Symboliquement, cette ligne d’horizontale juste que trace le Niveau ne peut exister que si la verticale a été trouvée. On ne se retrouve à niveau qu’à condition d’avoir d’abord été aligné.

On comprend alors que le Niveau ne signifie pas une quelconque égalisation automatique des individus, mais la recherche active d’un plan commun. Cette horizontalité n’est pas donnée, elle se construit. Elle exige des efforts de langage, d’écoute, de posture. Elle suppose une attention constante aux déséquilibres, non pour les nier, mais pour ne pas les laisser gouverner les relations. Il ne s’agit pas de faire disparaître les hauteurs ou les creux, mais de tenir une ligne possible, ensemble, dans la conscience partagée d’un horizon.

C’est pourquoi le Niveau ne désigne pas seulement un rapport entre les êtres : il propose une manière de se tenir. Il invite à marcher avec les autres, non pas en surplomb ni en retrait, mais côte à côte — dans une reconnaissance simple et constante : celle de la valeur de chacun.


Conclusion : Tenir l’axe, marcher avec les autres

Le Niveau n’est pas un simple outil : c’est une exigence. Il rappelle au Compagnon que le travail intérieur ne suffit pas. Il faut aller vers le monde, sans jamais perdre le fil de ce qui nous fonde. La verticale a été discernée et éprouvée par l’Apprenti. C’est à partir d’elle que le Compagnon peut tracer l’horizontale, et s’ouvrir à la rencontre.

Mais ce n’est pas une ouverture vague, ni une marche hasardeuse. Le Compagnon avance dans une direction claire, en tenant l’axe qu’il a découvert. Il ne cherche pas à se fondre dans la masse, ni à se perdre dans l’agitation : il agit à hauteur d’homme, conscient de sa place, et soucieux d’œuvrer avec d’autres à une construction commune.

Mais ce n’est pas une ouverture vague, ni une marche hasardeuse. Le Compagnon avance dans une direction claire, en tenant l’axe qu’il a découvert. Il ne cherche pas à se fondre dans la masse, ni à se perdre dans l’agitation : il agit à hauteur d’homme, conscient de sa place, et soucieux d’œuvrer avec d’autres à une construction commune.

Fidèle à la verticale, attentif à l’horizontale, il avance avec rigueur — sans perdre son axe, et sans oublier qu’on ne marche jamais seul.

Par Ion Rajolescu, rédacteur en chef de Nos Colonnes — au service d’une parole maçonnique juste, rigoureuse et vivante..

Poursuivre le parcours : La Perpendiculaire en franc-maçonnerie : un axe invisible pour l’Apprenti.

FAQ – Le Niveau en franc-maçonnerie

Quelle est la signification première du Niveau ?

Il symbolise l’horizontale, mais une horizontale qui n’existe que si elle est tenue par la verticale : le lien de l’homme au monde ne se comprend qu’à partir de son axe intérieur.

Pourquoi le Niveau est-il lié au grade de Compagnon ?

Parce qu’il prolonge le chemin de l’Apprenti. Après avoir trouvé son axe (la Perpendiculaire), le Compagnon apprend à tracer l’horizontale, c’est-à-dire à entrer en relation et agir dans le monde.

Le Niveau signifie-t-il l’égalité absolue entre les individus ?

Non. Il ne gomme pas les différences de nature, de parcours ou de capacités. Il rappelle que chacun mérite reconnaissance et respect, non parce que tout se vaut, mais parce que chaque être a une valeur propre.

Comment le symbole du Niveau est-il apparu dans les rituels ?

À partir du XVIIIe siècle, certains rituels lui ont donné une signification morale et sociale : celle de l’Égalité entre tous les membres de la loge, indépendamment de leur origine ou de leur condition.

Cette égalité concernait-elle aussi la société extérieure ?

Non. Elle restait limitée à la loge. Les distinctions sociales subsistaient dans le monde. Mais au XIXe siècle, certains francs-maçons ont cherché à prolonger cet idéal au-delà des temples, en s’engageant politiquement et socialement.

En quoi le Niveau se distingue-t-il d’un simple outil de nivellement ?

Il ne vise pas à effacer les différences ni à uniformiser. Il trace une ligne juste où chacun trouve place sans domination ni effacement.

Pourquoi associer le Niveau à la Fraternité et à la Sororité ?

Parce que l’horizontale n’a de sens que si elle est vécue dans la rencontre : le respect mutuel, l’écoute, le travail ensemble. Le Niveau engage à une égalité relationnelle, nourrie d’une volonté fraternelle.

Le Niveau est-il un principe ou une construction ?

C’est une construction. L’égalité qu’il exprime n’est jamais acquise, mais toujours à bâtir, contre l’égoïsme, l’orgueil et les replis.

Quelle est la portée universelle du symbole ?

Il dépasse les cultures et les religions. Le Niveau incarne un idéal de juste rapport entre les êtres, qui peut inspirer aussi bien le travail intérieur que l’engagement collectif.

Comment le Compagnon peut-il “tenir le Niveau” dans sa vie ?

En gardant son axe intérieur tout en ouvrant ses bras aux autres. En avançant à hauteur d’homme, ni replié sur lui-même, ni perdu dans la masse, mais en construisant avec d’autres un chemin partagé.

Podcast - Le Niveau en franc-maçonnerie

Dans la loge, le Niveau n’est pas un simple instrument.

C’est une exigence.

Il ne remplace pas la Perpendiculaire : il s’y appuie, il s’en nourrit. Le Compagnon ne renie pas la verticale découverte par l’Apprenti. Au contraire, il la prolonge. Mais il doit désormais tracer une autre ligne : l’horizontale.

Cela change tout.

Il ne s’agit plus seulement de descendre au plus intime de soi. Il faut ouvrir les bras, entrer en relation, avancer dans le monde. La silhouette humaine devient alors un symbole : debout, les bras étendus, l’homme forme une croix vivante. Une ouverture qui reste fidèle à son axe.

Cette ouverture n’est pas dispersion. Elle exige un cœur centré, une parole ajustée, une posture droite. Le Compagnon apprend à habiter ce croisement, non comme un conflit de forces contraires, mais comme un accord discret : l’accord d’un homme qui agit sans trahir ses fondations.

Au fil des siècles, le Niveau a pris un autre sens. Dans sa ligne horizontale, on a vu apparaître l’égalité. Dans la loge, nul n’était au-dessus, nul n’était au-dessous. Tous se tenaient sur le même plan, qu’ils soient nobles ou roturiers. Cette égalité, pourtant, ne s’impose pas d’elle-même. Elle se construit. Elle demande écoute, langage, attention. Elle ne gomme pas les différences, elle les accueille, et propose un espace commun où chacun trouve sa place.

C’est là l’enseignement du Niveau. Il ne dit pas seulement comment tracer une ligne. Il propose une manière d’être. Une manière de marcher aux côtés des autres. Ni en surplomb, ni en retrait, mais côte à côte, dans une reconnaissance simple et constante : celle de la valeur de chacun.

Ainsi le Compagnon avance, fidèle à la verticale, attentif à l’horizontale. Il garde son axe et découvre, pas à pas, que nous ne marchons jamais seuls.

05 settembre, 2025
Tag: Symbolisme