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La croix Ankh en franc-maçonnerie évoque un écho plus qu’une appartenance. Symbole venu d’ailleurs, elle n’occupe aucune place officielle dans les rituels maçonniques, mais surgit parfois, discrète, au détour d’un décor ou d’un Rite d’inspiration égyptienne. Sa présence est marginale, presque anecdotique, et pourtant, elle interroge. Pourquoi ce signe de vie millénaire, né sur les bords du Nil, trouve-t-il encore sa résonance dans certains cercles initiatiques ? Et que nous dit vraiment la croix Ankh en franc-maçonnerie, sinon le désir constant de relier la matière au souffle, le visible à l’invisible ?

Popularisée au XXᵉ siècle par la contre-culture, la croix Ankh fascine autant les amateurs d’Égypte ancienne que ceux qui cherchent, dans les symboles, des passerelles entre traditions. Dans l’anse qui surplombe le Tau, l’initié perçoit une dynamique universelle : la tension entre la vie terrestre et la vie spirituelle, entre l’horizontalité du monde et la verticalité du principe. Elle ne remplace aucun des symboles maçonniques — elle les éclaire autrement, comme un miroir venu d’un autre horizon.

Quelle est l’origine de la croix Ankh en franc-maçonnerie ?

Avant d’apparaître dans quelques décors de loges pratiquant les Rites dits égyptiens, la croix Ankh appartenait depuis des millénaires à l’héritage sacré de l’Égypte ancienne. Dénommée aussi croix ansée ou croix de vie, elle se retrouve sur d’innombrables bas-reliefs, tenue en main par les dieux ou offerte au pharaon.

Le mot Ankh, ou Anokh, signifie en ancien égyptien « Vie » ou « Je suis », et l’on peut le rapprocher de l’hébreu Anokhi, « Je », forme rare du pronom personnel. Il ne s’agit pas d’un lien historique ou linguistique certain, mais d’une affinité de sens : le verbe qui affirme l’existence, le souffle qui dit la vie. L’Ankh nous parle ainsi de la nature profonde de l’être, et peut-être, à l’origine, de l’essence même des dieux.

Apparue dès la Première Dynastie, vers trente et un siècles avant notre ère, la croix Ankh exprime la puissance divine transmise à l’homme. On la voit présentée à la bouche du défunt pour lui communiquer la respiration éternelle ; ailleurs, elle orne les mains d’Isis ou d’Osiris, telle une clef ouvrant sur l’au-delà. Sa forme — une croix en Tau surmontée d’une boucle — articule une double valence : terrestre et céleste, corporelle et spirituelle.

Amon offrant la Croix Ankh au pharaon — symbole de la vie transmise par le divin

Dans le contexte maçonnique, ce signe n’est jamais devenu un emblème officiel ; il circule par les influences hermétiques et orientalistes du XVIIIᵉ siècle, avant d’être repris par certains systèmes d’inspiration égyptienne (notamment Memphis-Misraïm) et par Cagliostro. Dès lors, la croix Ankh en franc-maçonnerie se comprend comme symbole d’affinité plutôt que comme signe rituel : un pont discret entre la sagesse de l’Égypte ancienne et l’esprit de la franc-maçonnerie des Lumières.


Quelle est la signification symbolique de la croix Ankh en franc-maçonnerie ?

La croix Ankh en franc-maçonnerie n’est pas un symbole officiel, mais sa forme singulière invite à la méditation. Elle se compose d’une croix en Tau surmontée d’une boucle. Le Tau articule une verticale plantée (l’axe, l’élévation) et une horizontale posée (la borne, le monde). On peut l’entendre comme un seuil : un montant et un linteau, une structure simple qui tient lieu de porte — ce qui soutient, ce qui limite, et ce qui appelle à passer. Au-dessus, l’anse introduit la courbe du souffle, l’ouverture qui dépasse la limite et relie l’humain au principe.

Ainsi comprise, la croix Ankh devient une figure de passage : un seuil entre deux plans de réalité, la vie incarnée et la vie transfigurée. Par analogie, on retrouve la tension qui relie l’Équerre et le Compas : la première fixe et règle, le second déploie et élève. L’Ankh exprime ce mouvement de l’âme qui s’ouvre au-dessus du monde, sans l’abandonner, mais en l’intégrant.

Union des principes et respiration du monde

Dans la tradition hermétique, reprise notamment par Éliphas Lévi et Papus, la croix Ankh est l’union des principes masculin et féminin, actif et réceptif, dont l’équilibre engendre la vie. Oswald Wirth y voit une image de la respiration du monde : inspiration qui vient d’en haut, expiration qui retourne vers la terre — deux mouvements d’un même souffle.

Cette double lecture n’a rien d’officiel en franc-maçonnerie ; elle éclaire une fonction spirituelle : rappeler à l’initié que l’œuvre consiste à faire tenir ensemble l’axe et la borne, la porte et le passage. En ce sens, la croix Ankh en franc-maçonnerie peut se comprendre comme une métaphore du travail intérieur : unir ce qui s’oppose, transformer la limite en ouverture, laisser circuler la vie entre le visible et l’invisible.


De l’Égypte aux loges : comment la croix Ankh en franc-maçonnerie a-t-elle traversé les siècles ?

L’histoire de la croix Ankh en franc-maçonnerie ne commence pas dans les temples de la Maçonnerie spéculative, mais dans les redécouvertes érudites du XVIIIᵉ siècle. Lorsque l’Europe s’enthousiasme pour l’Égypte ancienne, les savants et les initiés voient dans ses hiéroglyphes l’écho d’une sagesse première. L’Ankh, que les voyageurs décrivent comme une « croix de vie », séduit aussitôt les milieux hermétiques et rosicruciens : elle résume en un seul signe la vie, la lumière et le passage.

Au sein de la franc-maçonnerie, ce symbole apparaît d’abord à la marge, au gré de ces influences orientalisantes. Les Rites dits égyptiens — comme celui de Misraïm, puis celui de Memphis — l’adoptent dans leur décor, non comme emblème rituel, mais comme ornement porteur d’un sens de continuité. L’Ankh y rappelle la régénération, la transmission du souffle, la vie qui triomphe de la mort.

Johann August von Starck (1741-1816), fondateur des Clercs du Temple, système maçonnique d’inspiration templière et rosicrucienne

Plus étonnant encore, la croix Ankh figure dès 1766 dans un système de hauts grades d’une autre famille : celui des Clercs du Temple, fondé par Johann August von Starck, pasteur et érudit allemand. Inspiré du rosicrucianisme et du templarisme, ce système prétendait perpétuer la branche sacerdotale de l’Ordre du Temple. Lors du Convent de Kohlo, en 1772, les Clercs du Temple furent unis à la Stricte Observance Templière. Dans ses deux plus hauts degrés, Novice et Chanoine, l’autel portait une croix ansée, également imprimée sur les documents officiels de l’Ordre. Elle y symbolisait l’union du principe masculin et du principe féminin, selon une lecture théologique et naturaliste proche de celle de l’hermétisme.

On voit ainsi comment la croix Ankh, bien avant d’être mentionnée dans les Rites maçonniques égyptiens, avait déjà trouvé sa place dans l’univers symbolique des initiés du XVIIIᵉ siècle. Elle ne relevait pas de la liturgie maçonnique proprement dite, mais d’un langage parallèle, celui d’une recherche commune de la vie spirituelle à travers les symboles de la nature et du Verbe.


Le sens initiatique : que révèle la croix Ankh en franc-maçonnerie aujourd’hui ?

Si la croix Ankh en franc-maçonnerie ne figure dans aucun rituel officiel, elle n’en demeure pas moins évocatrice pour celui qui chemine à la recherche du principe vivant. Son pouvoir ne tient pas à l’autorité d’une obédience, mais à la résonance intime qu’elle suscite. Dans la boucle qui surplombe le Tau, l’initié reconnaît le passage de la forme à la lumière, de la matière à l’esprit. C’est tout le mouvement du travail maçonnique : élever l’humain sans renier la terre, unir l’ombre et la clarté dans un même souffle.

La croix Ankh parle donc de continuité. Elle dit que la vie n’est jamais close, que la mort elle-même n’est qu’un changement d’état. En cela, elle rejoint la symbolique de l’Acacia, du Phénix ou du Delta lumineux : signes d’une régénération qui ne dépend pas du temps mais de la conscience. Son message rejoint celui de la Parole retrouvée : la vie véritable ne s’achève pas, elle se reconnaît.

À l’heure où la franc-maçonnerie contemporaine cherche à renouer avec la dimension spirituelle de son œuvre, l’Ankh peut servir de miroir. Elle rappelle que le temple intérieur n’est pas un monument figé, mais un organisme vivant, animé du même souffle qui fit vibrer les dieux d’Égypte et les bâtisseurs des cathédrales. Ce souffle, la franc-maçonnerie le nomme Lumière. L’Égypte, elle, l’appelait Vie. Le sens est le même.


Conclusion – La croix Ankh en franc-maçonnerie, une mémoire vivante du souffle

La croix Ankh en franc-maçonnerie ne relève ni de la doctrine, ni du rituel : elle appartient à cette zone féconde où la mémoire des symboles croise la quête de l’esprit. Ce n’est pas un signe d’appartenance, mais un signe de rappel — rappel que toute œuvre initiatique repose sur une vie qui se donne, se transforme, se transmet.

Dans l’Ankh, la croix en Tau représente la construction du monde, l’ordre des formes et la stabilité des fondations. L’anse, elle, figure la respiration qui anime l’ensemble, ce souffle premier que les Anciens appelaient Vie et que la franc-maçonnerie nomme Lumière. Entre les deux, le passage demeure ouvert : c’est l’espace de l’homme, là où la conscience s’éveille et devient temple.

Main divine tenant la Croix Ankh — signe de la vie éternelle dans l’art égyptien

Ainsi, même marginale, la croix Ankh en franc-maçonnerie témoigne d’un dialogue universel entre les traditions. Elle rappelle que la vérité initiatique n’est jamais enfermée dans un système, mais qu’elle circule, se déplace, se traduit. L’Égypte y voyait la Vie, la Maçonnerie y reconnaît le travail : deux langages pour dire la même ascension, celle d’un être qui apprend à unir la terre et le ciel.

En un temps où la spiritualité tend à se fragmenter, l’Ankh demeure un symbole d’unité. Elle enseigne silencieusement que la Lumière n’est pas seulement à recevoir, mais à laisser passer à travers soi — comme un souffle que l’on ne possède pas, mais que l’on transmet.

Par Ion Rajolescu, rédacteur en chef de Nos Colonnes — au service d’une parole maçonnique juste, rigoureuse et vivante.

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FAQ – La croix Ankh en franc-maçonnerie 

1. La croix Ankh est-elle un symbole maçonnique ?

Non. La croix Ankh n’est pas un symbole officiel de la franc-maçonnerie. Elle apparaît seulement dans certains Rites dits égyptiens, comme Memphis ou Misraïm, où elle est utilisée à titre décoratif ou analogique.

2. Quelle est l’origine de la croix Ankh en franc-maçonnerie ?

Son intégration remonte aux influences hermétiques et orientalistes du XVIIIᵉ siècle. Les initiés de l’époque, fascinés par l’Égypte ancienne, ont vu dans l’Ankh une figure de la vie et du passage spirituel.

3. Que signifie la croix Ankh dans l’Égypte ancienne ?

En hiéroglyphes, Ankh signifie « vie ». Le symbole exprime la puissance du souffle vital transmis par les dieux aux hommes. On la voit souvent tenue par Isis, Osiris ou le Pharaon, comme une clé ouvrant sur l’au-delà.

4. Pourquoi parle-t-on de croix Ankh en franc-maçonnerie ?

Parce que certaines loges, notamment celles des Rites égyptiens, ont intégré l’Ankh dans leurs décors. Elle y évoque la continuité entre la vie terrestre et la vie spirituelle, en écho à la quête de Lumière maçonnique.

5. Quel lien entre la croix Ankh et les symboles maçonniques classiques ?

Par analogie, la croix Ankh rejoint l’Équerre et le Compas : la première représente la stabilité du monde matériel, la seconde l’ouverture vers le principe supérieur. Ensemble, elles figurent la tension créatrice entre terre et ciel.

6. Quelle est la signification du Tau dans la croix Ankh ?

Le Tau associe la verticale et l’horizontale : il soutient, relie et ouvre le passage. Dans la symbolique maçonnique, il évoque le seuil — la limite que l’initié apprend à franchir pour s’élever vers la Lumière.

7. Pourquoi parle-t-on d’union des principes masculin et féminin ?

Selon la lecture hermétique, reprise par Éliphas Lévi et Papus, le Tau représente le principe actif (masculin) et l’anse le principe réceptif (féminin). Leur union engendre la vie et exprime l’équilibre des forces.

8. Quelle place la croix Ankh occupe-t-elle dans les Rites de Misraïm et de Memphis ?

Elle y apparaît comme symbole décoratif de régénération et de renaissance, parfois associée à l’Acacia. Son usage reste marginal, mais il témoigne du dialogue entre la sagesse antique et la pensée maçonnique moderne.

9. Existe-t-il un lien entre la croix Ankh et la croix chrétienne ?

Formellement, oui : la croix copte dérive directement de l’Ankh, dont l’anse est devenue un cercle complet. Mais il ne faut pas confondre les deux : leur origine et leur fonction symbolique diffèrent profondément.

10. Que peut signifier la croix Ankh pour un franc-maçon aujourd’hui ?

Elle peut servir de miroir intérieur : elle rappelle que la vie ne s’arrête pas à la matière, et que le vrai travail maçonnique consiste à unir ce qui est séparé. La croix Ankh devient ainsi le signe discret d’un souffle qui passe à travers l’homme pour rejoindre la Lumière.


Retrouvez ici la retranscription complète de l’épisode pour ceux qui préfèrent la lecture ou souhaitent approfondir les échanges.

Podcast — La croix Ankh en franc-maçonnerie

La croix Ankh en franc-maçonnerie évoque un écho plus qu’une appartenance. Symbole venu d’ailleurs, elle n’occupe aucune place officielle dans les rituels maçonniques, mais surgit parfois, discrète, au détour d’un décor ou d’un Rite d’inspiration égyptienne. Sa présence est marginale, presque anecdotique, et pourtant, elle interroge. Pourquoi ce signe de vie millénaire, né sur les bords du Nil, trouve-t-il encore sa résonance dans certains cercles initiatiques ? Et que nous dit vraiment la croix Ankh en franc-maçonnerie, sinon le désir constant de relier la matière au souffle, le visible à l’invisible ?

Popularisée au XXᵉ siècle par la contre-culture, la croix Ankh fascine autant les amateurs d’Égypte ancienne que ceux qui cherchent, dans les symboles, des passerelles entre traditions. Dans l’anse qui surplombe le Tau, l’initié perçoit une dynamique universelle : la tension entre la vie terrestre et la vie spirituelle, entre l’horizontalité du monde et la verticalité du principe. Elle ne remplace aucun des symboles maçonniques — elle les éclaire autrement, comme un miroir venu d’un autre horizon.

Avant d’apparaître dans quelques décors de loges pratiquant les Rites dits égyptiens, la croix Ankh appartenait depuis des millénaires à l’héritage sacré de l’Égypte ancienne. Dénommée aussi croix ansée ou croix de vie, elle se retrouve sur d’innombrables bas-reliefs, tenue en main par les dieux ou offerte au pharaon.

Le mot Ankh, ou Anokh, signifie en ancien égyptien « Vie » ou « Je suis », et l’on peut le rapprocher de l’hébreu Anokhi, « Je », forme rare du pronom personnel. Il ne s’agit pas d’un lien historique ou linguistique certain, mais d’une affinité de sens : le verbe qui affirme l’existence, le souffle qui dit la vie. L’Ankh nous parle ainsi de la nature profonde de l’être, et peut-être, à l’origine, de l’essence même des dieux.

Apparue dès la Première Dynastie, vers trente et un siècles avant notre ère, la croix Ankh exprime la puissance divine transmise à l’homme. On la voit présentée à la bouche du défunt pour communiquer la respiration éternelle ; ailleurs, elle orne les mains d’Isis ou d’Osiris, telle une clef ouvrant sur l’au-delà. Sa forme — une croix en Tau surmontée d’une boucle — articule une double valence : terrestre et céleste, corporelle et spirituelle.

Dans le contexte maçonnique, ce signe n’est jamais devenu un emblème officiel ; il circule par les influences hermétiques et orientalistes du XVIIIᵉ siècle, porté notamment par Cagliostro, avant d’être repris au siècle suivant par certains systèmes d’inspiration égyptienne, tels que Misraïm puis Memphis. Dès lors, la croix Ankh en franc-maçonnerie se comprend comme symbole d’affinité plutôt que comme signe rituel : un pont discret entre la sagesse de l’Égypte ancienne et l’esprit de la franc-maçonnerie des Lumières.

La croix Ankh en franc-maçonnerie n’est pas un symbole officiel, mais sa forme singulière invite à la méditation. Elle se compose d’une croix en Tau surmontée d’une boucle. Le Tau articule une verticale plantée, l’axe, l’élévation, et une horizontale posée, la borne, le monde. On peut l’entendre comme un seuil : un montant et un linteau, une structure simple qui tient lieu de porte — ce qui soutient, ce qui limite, et ce qui appelle à passer. Au-dessus, l’anse introduit la courbe du souffle, l’ouverture qui dépasse la limite et relie l’humain au principe.

Ainsi comprise, la croix Ankh devient une figure de passage : un seuil entre deux plans de réalité, la vie incarnée et la vie transfigurée. Par analogie, on retrouve la tension qui relie l’Équerre et le Compas : la première fixe et règle, le second déploie et élève. L’Ankh exprime ce mouvement de l’âme qui s’ouvre au-dessus du monde, sans l’abandonner, mais en l’intégrant.

Dans la tradition hermétique, reprise notamment par Éliphas Lévi et Papus, la croix Ankh est l’union des principes masculin et féminin, actif et réceptif, dont l’équilibre engendre la vie. Oswald Wirth y voit une image de la respiration du monde : inspiration qui vient d’en haut, expiration qui retourne vers la terre — deux mouvements d’un même souffle.

Cette double lecture n’a rien d’officiel en franc-maçonnerie ; elle éclaire une fonction spirituelle : rappeler à l’initié que l’œuvre consiste à faire tenir ensemble l’axe et la borne, la porte et le passage. En ce sens, la croix Ankh en franc-maçonnerie peut se comprendre comme une métaphore du travail intérieur : unir ce qui s’oppose, transformer la limite en ouverture, laisser circuler la vie entre le visible et l’invisible.

L’histoire de la croix Ankh en franc-maçonnerie ne commence pas dans les temples de la Maçonnerie spéculative, mais dans les redécouvertes érudites du XVIIIᵉ siècle. Lorsque l’Europe s’enthousiasme pour l’Égypte ancienne, les savants et les initiés voient dans ses hiéroglyphes l’écho d’une sagesse première. L’Ankh, que les voyageurs décrivent comme une croix de vie, séduit aussitôt les milieux hermétiques et rosicruciens : elle résume en un seul signe la vie, la lumière et le passage.

Au sein de la franc-maçonnerie, ce symbole apparaît d’abord à la marge, au gré de ces influences orientalisantes. Les Rites dits égyptiens — comme celui de Misraïm, puis celui de Memphis — l’adoptent dans leur décor, non comme emblème rituel, mais comme ornement porteur d’un sens de continuité. L’Ankh y rappelle la régénération, la transmission du souffle, la vie qui triomphe de la mort.

Plus étonnant encore, la croix Ankh figure dès 1766 dans un système de hauts grades d’une autre famille : celui des Clercs du Temple, fondé par Johann August von Starck, pasteur et érudit allemand. Inspiré du rosicrucianisme et du templarisme, ce système prétendait perpétuer la branche sacerdotale de l’Ordre du Temple. Lors du Convent de Kohlo, en 1772, les Clercs du Temple furent unis à la Stricte Observance Templière. Dans ses deux plus hauts degrés, Novice et Chanoine, l’autel portait une croix ansée, également imprimée sur les documents officiels de l’Ordre. Elle y symbolisait l’union du principe masculin et du principe féminin, selon une lecture théologique et naturaliste proche de celle de l’hermétisme.

On voit ainsi comment la croix Ankh, bien avant d’être mentionnée dans les Rites maçonniques égyptiens, avait déjà trouvé sa place dans l’univers symbolique des initiés du XVIIIᵉ siècle. Elle ne relevait pas de la liturgie maçonnique proprement dite, mais d’un langage parallèle, celui d’une recherche commune de la vie spirituelle à travers les symboles de la nature et du Verbe.

Si la croix Ankh en franc-maçonnerie ne figure dans aucun rituel officiel, elle n’en demeure pas moins évocatrice pour celui qui chemine à la recherche du principe vivant. Son pouvoir ne tient pas à l’autorité d’une obédience, mais à la résonance intime qu’elle suscite. Dans la boucle qui surplombe le Tau, l’initié reconnaît le passage de la forme à la lumière, de la matière à l’esprit. C’est tout le mouvement du travail maçonnique : élever l’humain sans renier la terre, unir l’ombre et la clarté dans un même souffle.

La croix Ankh parle donc de continuité. Elle dit que la vie n’est jamais close, que la mort elle-même n’est qu’un changement d’état. En cela, elle rejoint la symbolique de l’Acacia, du Phénix ou du Delta lumineux : signes d’une régénération qui ne dépend pas du temps mais de la conscience. Son message rejoint celui de la Parole retrouvée : la vie véritable ne s’achève pas, elle se reconnaît.

À l’heure où la franc-maçonnerie contemporaine cherche à renouer avec la dimension spirituelle de son œuvre, l’Ankh peut servir de miroir. Elle rappelle que le temple intérieur n’est pas un monument figé, mais un organisme vivant, animé du même souffle qui fit vibrer les dieux d’Égypte et les bâtisseurs des cathédrales. Ce souffle, la franc-maçonnerie le nomme Lumière. L’Égypte, elle, l’appelait Vie. Le sens est le même.

La croix Ankh en franc-maçonnerie ne relève ni de la doctrine ni du rituel : elle appartient à cette zone féconde où la mémoire des symboles croise la quête de l’esprit. Ce n’est pas un signe d’appartenance, mais un signe de rappel — rappel que toute œuvre initiatique repose sur une vie qui se donne, se transforme, se transmet.

Dans l’Ankh, la croix en Tau représente la construction du monde, l’ordre des formes et la stabilité des fondations. L’anse, elle, figure la respiration qui anime l’ensemble, ce souffle premier que les Anciens appelaient Vie et que la franc-maçonnerie nomme Lumière. Entre les deux, le passage demeure ouvert : c’est l’espace de l’homme, là où la conscience s’éveille et devient temple.

Ainsi, même marginale, la croix Ankh en franc-maçonnerie témoigne d’un dialogue universel entre les traditions. Elle rappelle que la vérité initiatique n’est jamais enfermée dans un système, mais qu’elle circule, se déplace, se traduit. L’Égypte y voyait la Vie, la Maçonnerie y reconnaît le travail : deux langages pour dire la même ascension, celle d’un être qui apprend à unir la terre et le ciel.

En un temps où la spiritualité tend à se fragmenter, l’Ankh demeure un symbole d’unité. Elle enseigne silencieusement que la Lumière n’est pas seulement à recevoir, mais à laisser passer à travers soi — comme un souffle que l’on ne possède pas, mais que l’on transmet.

November 11, 2025
Stichworte: Histoire Symbolisme